CHEFFE GRACE HOUFFOUET, une professionnelle de la cuisine à coeur ouvert
Passion-Formations-Ambitions

HOUFFOUET ADJOUA GRACE EMMANUELLA communément appelée Cheffe Houffouet est titulaire d’un BAC en économie. Elle a étudié à Nice à l’Université Sophia-Antipolis. Le temps passe, et elle décide de vivre sa passion, la cuisine. Pour réussir dans ce domaine, cheffe Houffouet se forme et décroche un CAP Cuisine à l’ESCCOM académie culinaire. Ce n’est pas tout, elle a aussi un Bachelor Management en Art culinaire et de Restauration à l’Institut Paul Bocuse.
Aujourd’hui, du haut de ses 25 ans, célibataire sans enfant, la jeune femme dirige les cuisines de ENOTEL SAN PEDRO. L’entreprise compte deux (2) hôtels situés dans la région du sud-ouest de la côte d’ivoire à 500 Km de route d’Abidjan la capitale économique.

ETINCELANTE : Trois mots qui définissent le mieux votre cuisine ?
CHEFFE HOUFFOUET : Je définirai ma cuisine comme une cuisine ÉPURÉE avec des produits locaux, très GOURMANDE, surtout GASTRONOMIQUE.
ETINCELANTE : Depuis combien de temps êtes vous cheffe cuisinière ? Etant femme africaine, j’imagine que votre rencontre avec la cuisine s’est faite naturellement. Mais, qu’est-ce qui vous pousse à vouloir en faire une profession ?
CHEFFE HOUFFOUET : Cela fait exactement un an depuis que je suis cheffe exécutive et 5 ans que je fais de la cuisine professionnelle.
Ma rencontre avec la cuisine s’est faite depuis toute petite, j’adorais cuisiner pour mes frères et sœurs, mon père est mon premier fan. J’ai toujours été admirative de la cuisine de ma mère. J’ai décidé d’en faire un métier lorsque j’étais inscrite en faculté d’économie et de gestion. Je ne trouvais pas ma place dans cette université, je ne savais pas ce que je cherchais dans cet endroit. Clairement, je n’étais pas inscrite à la bonne école. Après deux années, j’ai décidé de me tourner vers la cuisine qui est ma passion première. C’est dans cette optique que je m’inscris en école de cuisine d’abord pour un CAP, ensuite pour un BTS en hôtellerie restauration et enfin pour un Bachelor en management des arts culinaires et de la restauration à l’Institut Paul Bocuse à Lyon.

ETINCELANTE : Dans les sociétés africaines, on a toujours vu la femme comme celle qui devait prendre soin des siens essentiellement par sa cuisine. Cependant, la cuisine professionnelle, n’était pas vraiment considérée comme un métier honorable. Est-ce que vous avez eu du mal à faire accepter votre choix à votre entourage, à vos parents surtout… ?
CHEFFE HOUFFOUET : Dès le départ, cette décision a été très difficile à prendre. Personnellement, je redoutais la réaction de mes parents. Au début, mon père n’y était pas vraiment pour. Il n’était pas convaincu de cette aventure, comme toute mère, la mienne avait des craintes, des peurs et des interrogations. Mes meilleures amies ont dès le début cru en moi, car elles connaissaient le désir de mon cœur, m’ont soutenu en m’encourageant. L’une d’entre elles a réussi à convaincre mes parents que je faisais le bon choix et qu’il fallait me laisser tenter cette aventure.
A cause de mon choix, j’ai perdu des amis ce n’est pas plus mal finalement, j’ai été rejetée par des personnes que j’admirais et que j’affectionnais énormément.
ETINCELANTE : Dans ce milieu majoritairement masculin, comment vous arrivez à vous imposer ?
CHEFFE HOUFFOUET : Je travaille en imposant mes règles, mes conditions et le respect. Je ne donne l’occasion à personne de me manquer de respect. Ce que je ne dis pas souvent, c’est que pour être cheffe, il faut avoir un mental d’acier et un caractère de lion. J’ai déjà cette combinaison en moi donc je ne crains presque rien.
ETINCELANTE : D’ailleurs qu’est ce qui explique, selon vous, le fait que le milieu de la cuisine professionnelle soit dominé par les hommes ?
CHEFFE HOUFFOUET : Le milieu de la restauration a toujours été rude : physiquement et psychologiquement. Les hommes étaient majoritaires dans les cuisines car ils avaient beaucoup plus de tenace afin d’affronter toutes ces péripéties. Aujourd’hui, tout ceci à évoluer laissant place à une nouvelle génération de jeunes aventurières, qui se battent afin d’équilibrer cette parité hommes/femmes en cuisine.
ETINCELANTE : A quoi ressemble une journée de travail avec cheffe Houffouët ?
CHEFFE HOUFFOUET : Une journée de travail avec moi c’est minimum 15h de travail. Je suis partagée entre la gestion de ma brigade, de mes plats, de mes commandes ainsi que de mes gestions administratives au sein de l’entreprise. Une journée type peut commencer à 5h comme à 12h selon mon planning et la demande.

ETINCELANTE : C’est quoi le plus difficile quand on est femme/cheffe cuisinière ?
CHEFFE HOUFFOUET : J’ai déjà ressenti le machisme et de la misogynie au sein de ma carrière. J’ai été humiliée par des hommes en cuisine quand j’étais encore commis de cuisine. Depuis que je suis devenue cheffe, je n’ai pas encore ressenti cette sensation car depuis ces mauvaises expériences de machisme, j’impose le respect dès le départ.
ETINCELANTE : Quelle est l’astuce qui vous motive quand tout semble perdu, et quels sont aujourd’hui vos projets pour l’avenir ?
CHEFFE HOUFFOUET : Je me dis toujours que rien n’est impossible à celui qui croit et c’est la phrase qui me fait passer du stade 10 de découragement au niveau 40 de motivation. Mes projets sont divers et confidentiels pour l’instant.
ETINCELANTE : Quel est selon vous la meilleure façon de célébrer les fêtes de fin d’année ?
CHEFFE HOUFFOUET : La meilleure façon de célébrer les fêtes de fin d’année, c’est de partager un bon repas avec les personnes qu’on affectionne.

Propos receuillit par Kossonou Akoua