Economie : Flambée des prix alimentaires en Afrique
Qui n’a pas constaté une réelle flambée des prix dans les marchés et supermarchés de nos pays africains ?
Tous sans doute. Nous avons constaté l’impact dans nos pays avec les multiples crises que traversent le monde ces dernières années. Ces différentes crises mondiales ont entraîné la hausse des prix de nos produits de première nécessité, qui bien souvent proviennent de l’étranger. En effet, nos pays africains dans leur esprit importateur, exportent très peu sinon pratiquement pas. Chose qui d’ailleurs cause l’instabilité et la fragilité des économies africaines et freine leur développement. Selon l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), dix-huit pays africains importent le blé de la Russie et de l’Ukraine. Pourtant, cela ne reflète pas le régime alimentaire de certains pays africains produisant des céréales (cas du Nigéria, Mali, Éthiopie, Burkina Faso).
L’Afrique doit-elle s’appuyer sur ses cultures locales pour tenter d’éviter le pire ?
Depuis le début du conflit ukrainien le 24 février 2022, les craintes d’une crise alimentaire généralisée monte crescendo en Afrique. Dès mi-mars, le Secrétaire Général des Nations-Unies, Antonio Guterres, mettait en garde contre le risque d’un « ouragan de famines » dans de nombreux pays important massivement le blé et les fertilisants de la Russie et de l’Ukraine. Ces dernières années, le continent africain a importé près de plus de deux fois le blé qu’il n’en a produit sur son sol soit 17%. Face à ce constat, il serait impératif pour l’Afrique de valoriser ses cultures locales (manioc, maïs, blé, riz, sorgho, mil, igname, patate douce, tubercule) en commençant à augmenter la production agricole, soutenir les entrepreneurs agricoles dans la transformation et la distribution des produits locaux pour faire face à la flambée des prix et développer les cultures locales à grande échelle.
Différentes stratégies africaines
Face à cette énième flambée des prix alimentaires, plusieurs pays africains se mobilisent en bâtissant des stratégies alimentaires pour éviter la famine. D’autres par contre attendent que les solutions viennent de l’Europe pour les adapter à n’importe quel prix. (Choc). L’Egypte et la Tunisie par exemple se battent pour constituer leurs stocks. La Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Nigéria, eux par contre, ont interdit chacun l’exportation des céréales locales. De telles mesures sont appréciables mais elles restent de court terme. Mieux serait de miser sur les autres produits locaux comme les tubercules, les légumineuses qui constituent une part importante du régime alimentaire dans le continent. En plus, les produits très indispensables et incontournables comme la patate douce, l’igname, le maïs, la banane plantain, le mil, on peut bien en transformer en farine pour la fabrication du pain. D’ailleurs, au Sénégal le tapalapa, un pain fabriqué à base de quatre farines (blé, mil, maïs, niébé) est très apprécié pour son prix mais aussi plus complet, il reste plus nourrissant. C’est en élargissant ces pratiques d’intégration de farines locales moins chères que l’Afrique aboutira à la réduction des coûts de fabrication du pain et de l’importation du blé.
Par ailleurs, nos institutions publiques chargées de l’agriculture et de l’alimentation peuvent, chacune dans sa Nation, se mettre en synergie avec les producteurs locaux et les experts en agriculture et alimentation pour élaborer des plans préventifs contre la faim à long terme afin de soulager des millions de population surtout celles vivant dans les campagnes ou encore, tous peuvent se constituer en un bloc africain pour former comme une sorte de banque alimentaire gelant ainsi un approvisionnement en produits locaux de différents pays et ce, à long terme pour pallier le besoin de famine de diverses populations dans les jours à venir.
Voici quelques statistiques des produits locaux africains délaissés
Les céréales les plus cultivées en Afrique de l’Ouest et du Centre sont le maïs, le sorgho et le mil. Selon la FAO en 2020, la production du maïs s’élevait à 90 millions de tonnes sur le continent avec des principaux producteurs comme l’Afrique du Sud (15 millions de tonnes), le Nigéria (12 millions de tonnes) et l’Ethiopie (10 millions de tonnes). Et si un bon nombre de pays africains cultivait le maïs, l’Afrique importerait jusqu’à 21 millions de tonnes. La production africaine du sorgho est estimée à 27 millions de tonnes. Ses potentiels producteurs sont le Nigéria, le Soudan, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et l’Éthiopie. Ensuite, la plus modeste production du mil est à près de 14 millions de tonnes. Il est cultivé essentiellement par la bande sahélienne, au Nigéria, au Niger, Mali et au Sénégal. Outre les céréales, la production de l’igname, tubercule s’élève respectivement à 193 et 73 millions de tonnes. A plus petite échelle, celle de la patate douce arrive à 28 millions de tonnes. Enfin, la production de la banane plantain est à 10 millions de tonnes en Afrique Centrale et en Afrique de l’Ouest.
L’insécurité alimentaire liée à la hausse des prix, des coûts du transport et de l’énergie, doit remettre en question le modèle alimentaire des pays africains afin de réduire leur dépendance à l’importation et augmenter l’efficacité des circuits d’acheminement des produits locaux des campagnes jusqu’en ville.
La Rédaction