La souffrance silencieuse : L’injustice et la violence contre les femmes à travers les siècles décrite par l’écrivaine AICHA OUATTARA dans son nouveau livre

Tiraillée de toutes parts pour le simple fait d’être née fille, la gent féminine se demande sans cesse si elle a une place dans ce monde. Autrefois enterrées vivantes, les jeunes filles subissent encore aujourd’hui des mutilations. Excisées dès leur plus jeune âge, elles sont ensuite contraintes à des mariages forcés. Et ces femmes, mariées sans consentement, subissent à leur tour des violences de la part de leurs époux. Célibataires, elles sont traitées de prostituées, de filles immorales, de filles faciles, de mauvaises filles. Divorcées, elles sont montrées du doigt et accusées d’être indigne d’un homme. Veuves, elles sont traitées de sorcières, de femmes à éviter d’épouser. Stériles, elles sont considérées comme des femmes au ventre vide. Battues, elles sont accusées d’avoir mal agi envers leur conjoint, de manquer de respect. Violées, elles sont blâmées, accusées d’avoir provoqué leurs agresseurs, et ainsi de suite. Toute une chaîne pour illustrer que la femme est née pour souffrir. Dès le berceau, on leur inculque l’idée qu’elles sont destinées à la souffrance et qu’elles doivent endurer la douleur, ce qui, selon certains, les rendrait plus fortes. Et elles acceptent cette souffrance pour éviter d’être stigmatisées par la société. Ne méritent-elles pas également d’être heureuses ? Pourquoi une telle injustice envers les femmes ? Pourquoi est-ce toujours la femme qui souffre ? Quel est le statut de la femme dans la société ?
Les hommes ont les mêmes droits et libertés que les femmes. Et pourtant, dès leur naissance, les filles ne reçoivent pas la même éducation que les garçons. On leur interdit d’aller à l’école sous prétexte que leur place est dans la cuisine. Ainsi, elles sont éduquées uniquement pour être de bonnes épouses et de bonnes mères. Nées sous la tutelle d’un homme, leur père, elles ne deviennent jamais indépendantes car le jour où elles quittent le foyer familial, c’est pour rejoindre un autre homme, leur mari. Certes, la femme vient du côté d’un homme, mais est-ce pour autant qu’elle ne peut jamais s’en détacher ? Les droits des femmes ne sont pas suffisamment défendus. La société reste sourde à leurs appels à l’aide, à leurs cris de détresse, et reste aveugle à leurs souffrances. Cependant, lorsqu’une femme décide de se rendre justice elle-même, c’est cette même société qui la juge et la condamne, accusant ainsi la victime d’être coupable.
La question des violences faites aux femmes ne date pas d’aujourd’hui. Certains pères de famille mettent dans les affaires de leur fille fraîchement mariée une chicotte destinée à parfaire son éducation par son mari. Si le père autorise cela, pourquoi s’étonnerait-il de voir sa fille battue ? N’a-t-il pas donné ce droit à son gendre ? C’est ainsi que les violences conjugales ont été encouragées depuis le début.
Aïcha Ouattara,

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