Le féminisme, quelle utilité pour la femme africaine ?

Le Féminisme se définit comme la recherche de l’égalité entre l’homme et la femme. En d’autres termes, c’est le fait pour l’homme et la femme de disposer des mêmes droits, des mêmes obligations en tant que citoyen, en tant que personne.
Le féminisme peut être classé en deux groupes: le féminisme libéral et le féminisme radical.
Le féminisme libéral est un féminisme désirant appliquer le libéralisme politique (égalité des droits, libertés individuelles…) aux rapports hommes-femmes.
Le féminisme radical quant à lui, considère que l’oppression spécifique des femmes au bénéfice des hommes résulte, avant toute autre cause, du patriarcat. Le féminisme radical a pour objectif d’abolir cet ordre social ; les féministes dénoncent notamment l’essentialisation du rôle social des femmes.
En Afrique, les gens ont une mauvaise perception du féminisme. Selon les conservateurs, le féminisme n’a pas sa place en Afrique car selon les traditions africaines et religieuses, la femme ne peut et ne doit en aucun cas être l’égal de l’homme. Ils disent que ce courant de pensée est totalement occidental.
Cependant, depuis quelque années, force est de constater que le féminisme ne cesse de se répandre partout en Afrique.
Selon Carelle Leaticia Goli, activiste politique et féministe engagée:
<<Le féminisme a sa place partout dans la mesure où tout ce que le féminisme recherche, c’est de promouvoir les droits sociaux, économiques, culturels et juridiques des femmes. Le féminisme n’aurait pas sa place en Afrique si les femmes n’étaient pas battues, humiliées, ne subissaient pas de violences. Dans la mesure où les femmes subissent des violences basées sur le genre, dans la mesure où dans nos lois encore, il y a des restrictions, dans la mesure où il y a encore un système qui lèse la femme, le féminisme a toute sa place.>>

En Côte d’Ivoire, le combat pour les droits de la femme gagne de plus en plus du terrain. La ligue des militantes féministes est très engagée dans cette lutte et ne baisse pas les bras. Selon elle, le féminisme est un état d’esprit. C’est se battre au quotidien pour avoir sa dignité. Lorsque les femmes au foyer se mettent ensemble dans des associations pour avoir le pouvoir économique, c’est un pouvoir qui grandit. Les femmes rurales font souvent du féminisme mais, on ne le voit pas.
L’éradication de l’excision, le droit des jeunes filles à l’éducation, la condamnation de toutes formes de violence faites aux femmes, la dénonciation du mariage forcé… Tels sont les résultats obtenus après des années de luttes féministes.
Le féminisme n’est pas venu pour détruire ou dénaturer l’Afrique. Au contraire, le féminisme est venu justement pour que s’il y a des traditions qui sont mauvaises en Afrique, elles puissent disparaitre pour mettre en avant les traditions qui sont bonnes pour la femme, les traditions qui prônent l’égalité sociale. Il ne s’agit pas d’être contre les coutumes africaines, il s’agit plutôt de promouvoir les coutumes africaines qui sont favorables à la justice et la paix sociale.
Il y a dans la religion beaucoup de dogmes qui sont faits pour enlever à la femme son égalité, son humanité. Il y a beaucoup de principes dans la religion qui ont avilit la femme. Le féminisme n’est pas en désaccord avec la religion dans la mesure où la personne qui croit en la religion doit se dire que la religion, à un moment, a eu un contexte culturel qui est en défaveur de la femme. Le féminisme est venu placer la femme au cœur de la religion.

Les femmes féministes croyantes estiment que DIEU ne peut pas avoir créé un être humain pour être l’esclave de l’autre, pour être une personne qui n’a pas de droit, qui n’a que des devoirs. Par ailleurs, il y a beaucoup de choses dans la religion qui sont pour la femme que certains cachent parce que cela ne les arrangent pas. Le féminisme veut que les religions reconnaissent quelque part l’importance des droits des femmes, que les religions séparent ce qui est culturel de ce qui est spirituel, pour redonner à la femme une dignité.
Il existe des féministes chrétiennes ou musulmanes qui essaient de montrer quelque part que ces religions ont été influencées par le contexte culturel. Quand une tradition ou une coutume est mauvaise, il faut s’en séparer. Nous sommes tous d’accord que l’excision fait partie de nos coutumes mais aujourd’hui, nous sommes peut-être à 90%, et nous trouvons que l’excision n’est pas une bonne chose. Malgré les attaques personnelles, les insultes sur les réseaux sociaux, les féministes sont bien décidées à ne pas se laisser déstabiliser émotionnellement afin de mener à bien le combat pour le respect des droits de la femme.
Nous allons refermer ce dossier avec quelques féministes africaines qui font bouger les lignes.
Rainatou Sow est une guinéenne qui a fondé « Make Every Woman Count », une organisation gérée par une équipe de jeunes femmes en Afrique, en Amérique et en Europe. Elles utilisent leur passion et leur expérience pour promouvoir les droits et l'autonomisation des femmes et des filles. Rainatou Sow milite pour un monde pacifique et équitable, défend les droits humains et la justice sociale et s'emploie à autonomiser les femmes et les filles.

Chimamanda Ngozi Adichie est née au Nigeria en 1977. Elle est l’autrice de trois romans acclamés par la critique: Hibiscus mauve (2003), La moitié d’un jaune soleil (2006), et Americanah (2013). Elle a également publié un recueil de nouvelles, La chose autour de votre cou en (2009). Chimamanda s’identifie comme une féministe et a écrit et prononcé des discours sur divers sujets d’actualité liés aux questions relatives aux femmes au Nigeria et à travers la diaspora, notamment son célèbre TED talks.

Hilda Twongyeirwe est une écrivaine, notamment de nouvelles, de poésie, d’essais, et de livres pour enfants. Elle est aussi devenue une éditrice ougandaise, en tant que coordinatrice de l’organisation FEMRITE, après avoir participé à la fondation en 1995 de cette organisation de femmes construite pour faciliter la publication d’œuvres littéraires, et une meilleure reconnaissance des femmes créatrices dans le domaine littéraire. FEMRITE est axée sur le développement et la publication des femmes écrivains en Ouganda et dans la région Afrique de l’est. Par FEMRITE, elle a édité un certain nombre de publications, dont « j’ai osé dire ».

Maboula Soumahoro qui est née en France en 1976 au sein d’une famille originaire de Côte d’Ivoire, rappelle combien les obstacles se dressent sur le chemin des femmes « racisées ». Maîtresse de conférences en civilisation du monde anglophone à l’université de Tours, enseignante à Sciences Po et à Bennington College, dans le Vermont, Maboula Soumahoro traque les traces de l’histoire de l’esclavage et de la colonisation dans la construction des identités collectives et individuelles, de la citoyenneté et du politique, dans une France qui oscille entre racisme et aveuglement. Elle est, en outre, à l’origine du Black History Month (« mois de l’histoire des Noirs ») en France, qui met en valeur les cultures issues de la diaspora africaine.

Bon à savoir !
Il existe une charte qui régit les principes féministes en Afrique dénommée : CHARTE DES PRINCIPES FEMINISTES POUR LES FEMINISTES D’AFRIQUE.
Ce Forum Féministe Africain est une plateforme indépendante convoquée depuis sa création par le Fonds Africain pour le Développement de la Femme (AWDF).
www.africanfeministforum.com www.awdf.org
ELLA DADI