Les douanes terrestres africaines, entre éthique et pots-de-vin

Jouant un rôle de tout premier plan dans le développement économique et social d’une Nation, l’administration des douanes représente au moins 30% du budget national dans nos pays africains respectifs (en dehors des pays pétroliers) de par la collecte de ses droits et taxes. Cependant, elle reste l’une des administrations les plus décriées à cause de sa tendance corruptible palpable portant un terrible frein à la circulation des biens et de personnes.
Cas de l’aéroport national de Ndjili et de la douane terrestre et frontalière RDC-Zambie
Si d’aucuns sont prompts à faire preuve d’éthique pour une transparence économique et frontalière saine, d’autres par contre usent de leur position et connaissances sur les lois frontalières pour se faire des pots-de-vin. Voilà un choix de mentalité scandaleuse fait par quelques africains qui participent à la régression socioéconomique du continent.
Par exemple, pour se rendre à Kinshasa et en dehors de la ville c’est-à-dire dans les provinces de la RDC, un congolais de Brazzaville doit prendre le visa de sortie depuis son pays d’origine. Cependant, si celui-ci omet de le faire, la logique nécessite que les services habiletés de l’aéroport de Ndjili l’octroie un visa de transit (à 90$ soit 50.000fcfa d’Afrique Centrale) lui permettant ainsi de circuler librement à l’intérieur de la République Démocratique du Congo –RDC- surtout si ce dernier à des parents 100% ou 50% originaires de la RDC (loi instituée par le Président de la République Démocratique du Congo lors de sa prise de pouvoir en 2020. Pour ce, il faut se munir des documents attestant votre déclaration originaire).
Malheureusement, force est de constater sur le terrain que certains agents en charge de délivrer ce visa de transit exigent des pots-de-vin avant de l’octroyer au sujet étranger sinon ils usent de complications sévères, inutiles et capables à faire perdre le citoyen congolais ou autre du temps parfois même le vol alors que la solution face à ce type de cas est l’applicabilité de la loi frontalière dans toute sa simplicité. En plus de cela, il est très médiocre de constater qu’au-delà des pots-de-vin, ces derniers dégrainent encore quelques billets de banque dans les fonds du visa c’est-à-dire le visa de 90$(50.000fcfa) ils l’octroient à 100$(55.000), et soutire 10$ (soit 6500 FCFA d’Afrique Centrale) pour ensuite présenter un reçu (sur lequel c’est marqué 90$ au lieu de 100$) qui laisse à porter plainte. Hélas ! Ce serait une peine perdue de tenir tête à ces agents de douane parce qu’il y a tout un réseau solide partant du plus haut responsable au dernier subalterne, et au pire des cas tout sera retourner contre le sujet étranger ou autre.
C’est le même constat amer à la douane frontalière RDC-Zambie là où la carte jaune de vaccination est vendue à 50$ (soit 26.000fcfa) au lieu de 5$(3.250fcfa) et le visa de sortie de la RDC pour une autre nation qui est gratuit, devient payant.

Où vont donc ses fonds ? Renflouent-ils les caisses de l’État ?
La réponse est non ! Il est pourtant clair de voir ces agents assis dans les boxes de ces administrations surtout les femmes, empochés ses fonds sans gêne. Et ce qui est inadmissible, c’est que ce visa de sortie du territoire sur lequel vous y êtes n’a pas un prix constant. Un étranger paiera trois fois plus qu’un natif du territoire et un autre étranger dix fois plus encore ou encore ce sont eux-mêmes les agents qui demandent aux sujets étrangers de donner selon ce qu’ils possèdent. Et ce, quand bien même vous êtes en règle, ces agents des douanes frontalières trouveront toujours des puces sur vos documents pour avoir de pots-de-vin sinon vos formalités seront retardées et vous risquerez même de rater ce pour quoi vous vous effectuez le déplacement. Ce traitement est identique aux personnes et aux biens commerciaux. Que des tracasseries pour les commerçants qui utilisent des voies fluviales et routières inter frontalières.
Du côté de la Zambie par contre, on peut remarquer des jeunes hommes dits « secondes mains » qui aident des sujets étrangers à faire des formalités en les accompagnant jusqu’à la sortie de la frontière. Ces derniers se sont créés un réseau solide de connaissance au sein de ses bureaux administratifs d’immigration. D’ailleurs, leur proximité avec les agents (femmes) des boxes du service d’immigration à la douane frontalière de la RDC-ZAMBIE leur donne le libre accès de coopérer en toute compromission avec des reçus qui contiennent des informations contraires aux sommes payées au guichet. Le visa de sortie à la frontière de Zambie est à 25$ et celui de la première sortie si c’est votre première fois d’y aller c’est également 25$ donc vous avez droit à payer 50$.
Malheureusement, sur le reçu que l’on va vous remettre il serait écrit 25$ au lieu de 50$ où passe l’autre 25$ ? Vous l’avez à présent compris. Ce montant devient le surplus de ceux à qui l’État africain à confier la charge de contrôle et d’administration inter frontalière.
Le changement de mentalité africaine est loin d’être une réalité bien au contraire, c’est un slogan qui trouve son plaisir à couvrir des dérives au sein des administrations publiques de nos nations africaines. Qu’en dira-t-on du port de Cotonou, Conakry, des douanes terrestres et frontalières Côte-d’Ivoire – Burkina-Faso, Bénin – Sénégal,…
Des formalités administratives jusqu’à la fouille des bagages et/ou marchandises ce sont certains agents (femmes pour la plupart) qui sont aux commandes de ce harcèlement financier. Sans aucun scrupule, elles défoncent les poches des sujets étrangers qui contribuent au développement économique, social et favorisent de nouveaux échanges et consolident des liens bilatéraux et inter frontaliers. Enfin, retenons que 70% de femmes occupent les bureaux de différentes administrations douanières et frontalières d’Afrique.
Comment pallier à cette dépravation de mœurs ?
La lutte des pots-de-vin dans les administrations des douanes constitue un défi majeur pour de nombreux pays africains mais aussi pour les agences de développement qui leur apportent une assistance technique. Pour ce, voici quelques moyens pour remédier tant si peu au phénomène pots-de-vin :
- Encourager l’État et les entreprises privées à mettre sur pied de bonnes et sévères politiques anti-corruption.
- Mettre sur pied un service d’audit anonyme avec une façon de faire rigoureuse qui possède une capacité jurisprudence indisponible dans sa nation.
- À déployer leurs exigences anti pots-de-vin dans l’ensemble de leurs services aux citoyens.
- Protéger les populations les plus exposées.
- Sanctionner sévèrement la petite ou grande corruption sans aucun parti pris.
Certes, les résultats des solutions alternatives dans leur mise en œuvre restent décevants mais si l’africain décide de manifester la volonté de changer pour transformer les choses autour de lui, l’Afrique aura bonne mine.
Bianca.