MAITRE AKA-ANGHUI FRANCINE: Présidente de l’Association des Femmes Juristes de CI.
Militante infatigable des droits des femmes

Me Francine AKA-ANGHUI est Avocate inscrite au Barreau de Côte d’Ivoire depuis 1993, elle a été Présidente de l’Association des jeunes avocats. Elle est l’actuelle Présidente de l’Association des Femmes Juristes de Côte d’Ivoire et Secrétaire générale du Women Caucus for Lobbying Côte d’Ivoire, mouvement féminin qui œuvre à l’amélioration du taux de représentativité des femmes dans les instances de décisions et les assemblées élues.
Pendant une dizaine d’années, elle a occupé divers postes tant au sein du secteur privé que du secteur public en qualité notamment de :
– Directrice juridique et de la conformité de banque ;
-Conseillère technique du Secrétaire Général du Gouvernement (Primature) ;
-Membre de la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance.
Experte en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, elle est aussi spécialiste des questions relatives aux Droits de l’Homme en général, au Genre, au Droit de la famille, et aux Droits des femmes et des enfants en particulier.
Elle a participé à de nombreux panels nationaux et internationaux et rédigé plusieurs articles.
Elle est mariée et mère de 05 enfants.
Nous vous invitons à mieux la connaitre à travers ces lignes
Etincelante : Quel est votre parcours scolaire ?
Francine AKA-ANGHUI : Après avoir fait une partie de mes études secondaires en Côte d’Ivoire, je les ai achevé en France où j’ai obtenu mon bac série A1.
J’ai ensuite intégré la faculté de Droit d’Orléans (France) où j’ai obtenu ma maitrise en droit privé option carrières judiciaires.
Je suis ensuite revenue en Côte d’Ivoire où j’ai passé et obtenu mon CAPA (certificat d’aptitude à la profession d’avocat) à l’université d’Abidjan.

Etincelante : Pourquoi avoir décidé d’étudier le droit et de devenir avocate ?
F.A-A :D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être avocate. Je ne sais pas d’où ça me vient car aucun de mes parents ni personne dans ma famille, n’est avocat ou même du domaine judiciaire. Je dirais que c’est une vocation.
Etincelante : Quand aviez-vous commencé à exercer en tant qu’avocate ? Combien d’affaires avez-vous traité ? Combien avez-vous remporté ? Et quelle a été celle qui vous a le plus marqué ?
F.A-A :J’ai prêté serment d’avocat le 13 août 1993. Ça fera donc 30 ans cette année !
Impossible de dire le nombre d’affaires traitées ou remportées. Toutefois, je n’oublierais jamais le 1er dossier que j’ai eu à plaider. J’assurais la défense d’une dame poursuivie pour adultère. Et alors que j’avais pris fait et cause pour elle sur la base de ces dires, il s’est avéré qu’elle était en réalité coupable d’adultère, ce qui m’a mis dans l’embarras vis-à-vis du juge !
Etincelante : En 2014, vous avez été parmi les Neufs personnalités nommées membres de la Haute autorité pour la bonne gouvernance. Quels a été votre sentiment ?
F.A-A :J’ai été très honorée et très fière d’avoir été nommée par M. le Président de la République M. Alassane OUATTARA à ce poste surtout qu’il s’agissait d’une Institution nouvellement créée et dont nous en étions les membres fondateurs. De plus, quel noble tâche que celle de participer à l’amélioration de la gouvernance et la lutte contre la corruption pour son pays.
Etincelante : En tant que point focal Côte d’Ivoire pour le suivi de la Convention des Nations Unies contre la corruption, que pouvez-vous nous dire sur ce mal qui gangrène notre pays ? Est-il possible d’y mettre fin ? Aviez-vous des solutions pour l’éradiquer ?
F.A-A :La corruption est malheureusement un mal qui gangrène tous les pays du monde ; à divers niveaux certes mais on la retrouve partout, à tous les niveaux et sous plusieurs formes. C’est ce qui rend son éradication difficile. Quand elle diminue d’un côté, elle augmente d’un autre côté.
Par exemple, dans certains pays, ce qu’on appelle la petite corruption (les petites sommes remises à des fonctionnaires en échanges de services, ou à titre de remerciements) tend à disparaitre, par contre parallèlement la corruption via les conflits d’intérêts se développera.
J’ai toujours comparé ce fléau à l’Hydre de Lerne, monstre de la mythologie grecque, décrit avec un corps de dragon, composé de plusieurs têtes capables de repousser dès qu’on les coupe.

Etincelante : Le 27 mars 2022, vous avez été élue présidente de l’Association des Femmes Juristes de CI. Pendant votre mandat de trois ans, qu’envisagez vous de faire ?
F.A-A :Je profite de l’occasion de cet interview pour remercier à nouveau les membres de l’Association des Femmes Juristes de CI d’avoir bien voulu me porter à la tête de cette grande association tant de par son nombre d’années d’existence (bientôt 40 ans) que par du nombre et de la qualité de ses membres. C’est à la fois un grand honneur mais aussi un grand challenge car l’association a atteint une taille et une expérience qui nécessite de passer à un cap supérieur . Pour ce faire, nous envisageons donc (entre autres) de renforcer :
nos capacités, compte tenu des évolutions législatives,
notre positionnement en tant qu’association de référence dans l’assistance juridique et judiciaire des personnes vulnérables,
nos activités afin de les pérenniser,
nos liens en tant que membre de l’association car notre slogan est « AFJCI un jour, AFJCI toujours ! On ne quitte jamais l’association.
Etincelante : Dans ce mois de Mars également, plusieurs pays célèbre les droits des femmes, que représente la 8 Mars pour vous ?
F.A-A :Le 08 mars, Journée internationale des droits des femmes devient une tradition dans le monde entier et est officiellement déclarée comme telle par les Nations Unies en 1977.
C’est une journée qui est célébrée par la plupart des pays à travers le monde. Cette journée donne l’occasion aux différents pays de faire un bilan sur la situation des droits des femmes et de faire des projections et propositions pour son amélioration.
Pour moi c’est une journée très importante car elle oblige les gouvernants à faire le point (le bilan) sur la situation et les droits des femmes. Cette journée permet aux organisations de la société civile telle que l’association des femmes juristes de CI, de pointer du doigt les inégalités persistantes à l’égard des femmes par rapport aux engagements internationaux pris par la Côte d’Ivoire. C’est aussi l’occasion pour nous de faire de la sensibilisation, de la vulgarisation sur les textes de lois qui protègent les femmes, qui leur octroient des droits.
Etincelante : En plus de vos nombreuses occupations, vous êtes mariée et mère de 5 enfants. Comment arrivez-vous à concilier les deux ?
F.A-A :Ça n’a pas été facile mais par la grâce de Dieu j’ai eu une santé solide qui m’a permis de travailler pendant mes grossesses. Ensuite, j’ai eu beaucoup de chance d’avoir de bonnes « nounous » pour mes enfants.
Enfin, je ne dirais jamais suffisamment merci à mon époux qui a été et est toujours très compréhensif face à toutes mes multiples activités. Mais avec la maman qu’il a eu (Feue Mme Hortense AKA-ANGHUI), il a été à la bonne école !
Etincelante : Comment voyez-vous votre engagement pour la cause des droits des femmes ? Est-ce pour vous un devoir à accomplir ?
F.A-A :Oui c’est un vrai devoir. Je suis femme, je suis africaine et j’ai eu la chance de faire des études et de recevoir une éducation. C’est un devoir pour moi de partager cette éducation et ces connaissances à d’autres femmes qui n’ont pas eu l’opportunité ou la chance d’y avoir accès. La vie c’est une chaine……
Etincelante : Un conseil pour les jeunes femmes qui souhaitent exercer dans le droit ?
Le droit mène à tout ! c’est donc une très bonne orientation car elle ouvre la porte à de nombreuses professions.
Le droit permet d’acquérir beaucoup de connaissances et une grande ouverture d’esprit. Tout ceci permet donc de s’adapter et être à l’aise face à toutes situations, ce qui aide à avancer dans la vie.
Mais avant toute chose, il faut faire ce qu’on aime ! C’est une des clés du bonheur dans la vie.
La rédaction