N’GORAN AMAH FERNANDE OLIVIA, la plus jeune pharmacienne de Cote d’Ivoire: « J’ai vraiment envie d’etre une femme accomplie… «

Agée de 24 ans, C’est à Dabakala, une ville du nord-est de la Côte d’Ivoire que N’GORAN AMAH FERNANDE OLIVIA, notre étincelante de ce mois, commence sa scolarité.
S’en suivent Boniéré vers Katiola (toujours dans le nord de la cote d’ivoire) et Kotobi (une localité de l’est de la Côte d’Ivoire et appartenant au département de Bongouanou, Région du N’zi-Comoé)
Kotobi est par ailleurs la ville dans laquelle elle passe avec brio l’épreuve de CEPE en 2007 et est classée parmi les meilleurs de la région du N’zi-Comoé.
« Je fais mes premiers pas de collégienne au Lycée Moderne de BONGOUANOU (NDLR ; Bongouanou est une ville et un chef-lieu de département de Côte d’Ivoire) où j’obtiens le BEPC avec une mention bien! Cela me vaut mon orientation au Lycée Mamie Adjoua de Yamoussoukro (Ndlr ; Yamoussoukro est la capitale de la Côte d’Ivoire) où j’obtiens le Baccalauréat avec mention bien en 2014 » nous confie-t-elle.
Rêvant de faire les sciences de Santé, après une préinscription Olivia, désormais étudiante, est orientée à l’EPSS (École Préparatoire des Sciences de la Santé) OPTION pharmacie, à Abidjan (Abidjan est une ville du littoral Atlantique sud de la Côte d’Ivoire).
Pour rappel, le Tronc-commun de médecine, pharmacie et odontostomatologie est le concours le plus stricte de Côte d’Ivoire. Sur environ 4000 étudiants seulement 350 à 400 sont sélectionné suite à un examen-concours strict et rigoureux
« En 2015, alors que je me prépare pour affronter le sacré et tristement célèbre examen-concours du TRONC-COMMUN, je perds mon géniteur et cela à deux mois de la composition ! Malgré cette lourde perte, je réussi au concours en étant classée parmi les 50 admis en pharmacie sur plus de 1000 personnes aspirants d’être pharmaciens! » S’épanche-t-elle.
2015-2016 est une année spéciale car la promotion précédente (80 étudiants) n’ayant pas commencée les cours, deux promotions sont combinées pour faire la 36eme promotion des pharmaciens de Côte d’Ivoire (130 personne)! C’est ainsi que sans reprendre d’année, la candidate de « Mousso’ko » (concours de beauté visant à valoriser la femme noire) , obtient son diplôme d’Etat de Docteur en Pharmacie avec la mention très honorable suite à sa soutenance de thèse qui s’est tenue le jeudi 03 décembre 2020 . Elle entre ainsi dans l’histoire de la cote d’ivoire en tant que plus jeune pharmacienne…

Étincelante : Aujourd’hui vous exercez en tant que pharmacienne, dites-nous quelles Sont les activités quotidiennes de votre profession ?
N’GORAN AMAH FERNANDE OLIVIA: Je précise que j’aspire à continuer mes études afin de me spécialiser en industrie cosmétique. Du coup, je suis en plein dans les démarches pour pouvoir aller à l’extérieur pour continuer. Entre-temps je fais aussi des cours intensifs en anglais pour pouvoir augmenter mes compétences, mon champ d’action, parce qu’en science, l’anglais est très important et à côté de ça aussi je suis maquilleuse professionnelle autodidacte du coup j’essaie d’aménager mon emploi du temps pour pouvoir faire mes prestations en tant que maquilleuse et de temps à autre je travaille en pharmacie mais à temps partiel. En pharmacie, c’est plus des conseils qu’on donne ; quand vous arrivez en pharmacie et que vous ne vous sentez pas bien vous expliquez vos problèmes au pharmacien qui est la ; c’est-à-dire moi et en fonction de ce que vous dites je vous conseille des médicaments, de vous donner aussi des conseils hygiéniques, diététiques pour améliorer votre état de santé. Voilà un peu ce que je fais au quotidien.
Étincelante : parlez-nous des modèles féminins dans votre secteur d’activité ou en dehors qui vous inspirent ?
N’GORAN AMAH FERNANDE OLIVIA : Dans mon secteur d’activité, je n’ai pas vraiment de modèle féminin, par compte dans d’autres secteurs j’ai un modèle féminin ; c’est Michel Obama .C’est une femme que j’admire vraiment beaucoup et j’ai vraiment envie d’être comme elle, j’ai vraiment envie d’être une femme aussi accomplie physiquement, professionnellement et familialement. C’est une femme qui est vraiment une source d’inspiration et de motivation.

Étincelante : on a tendance à penser que coquetterie et études ne font pas bon ménage alors que vous, en plus de votre brillant parcours, vous êtes fan de maquillage et avez même participé à un concours de beauté…comment expliquez-vous cela?
N’GORAN AMAH FERNANDE OLIVIA : Je le dis toujours, la vie c’est un équilibre, il faut être sur tous les tableaux, il ne faut pas se dire que moi je ne fais les études, uniquement que les études Parce que dans la vie il n’y a pas que les études ;il y a beaucoup d’autres choses et même j’ai dit plus haut que je voulais être pharmacienne mais je veux me spécialiser en industrie cosmétique, tout ce qui est cosmétologie et tout ce qui est lié à la beauté. J’aime vraiment tout ce qui crée le beau, tout ce qui est en rapport avec la beauté et le fait d’avoir participé à un concours de beauté, déjà ce n’est pas n’importe quel concours de beauté ;C’était le concours « Noir et belle » donc c’est vraiment dans l’optique de promouvoir le teint noir, le teint d’ébène, d’encourager les gens à garder leurs teints naturels et aussi de conforter ces jeunes filles qui ont décidé de garder leurs teints naturels, de les conforter dans leurs choix parce qu’on est dans un monde où les gens ont vraiment banalisé la dépigmentation cosmétique volontaire et au passage même c’est sur ce thème-là que j’ai travaillé. Mon sujet de thèse était « Problèmatiques et conséquences de l’emploi des produits cosmétiques éclaircissants dans la ville d’Abidjan ». Je souhaite que ces personnes qui ont décidé de garder leurs teints naturels se disent qu’elles sont toutes aussi belles que celles qui sont de teint Claire donc ce n’est pas la peine de se dépigmenter la peau mais aussi c’est pour sensibiliser celles qui sont tombées dans la dépigmentation, leur demander d’arrêter parce qu’après c’est leur santé qu’elles mettent en danger.

Étincelante : à travers le sujet de votre thèse, qui est « Problématiques et conséquences de l’emploi des produits cosmétiques éclaircissants dans la ville d’Abidjan. » on comprend aisément que vous avez décidé de mener le combat de la lutte contre la dépigmentation.
Comment comptez-vous vous y prendre ?
N’GORAN AMAH FERNANDE OLIVIA : Déjà mon sujet de thèse ce n’est pas moi qui l’ai choisi, on me l’a proposé et je l’ai approuvé. Mon directeur de thèse me l’a proposé et j’ai trouvé que c’était vraiment un sujet adapté. « La dépigmentation cosmétique » c’est vraiment un phénomène, un fléau qui mine notre société à 53% c’est-à-dire qu’une femme sur deux se dépigmente la peau à Abidjan et c’est vraiment grave et dangereux.
Alors comment je compte m’y prendre, déjà c’est de sensibiliser autant que je peux mon entourage vu que pour le moment ma voix ne porte pas très haut donc je ne peux que sensibiliser mon entourage à garder leur teint naturel, à ne pas se dépigmenter parce que c’est vraiment dangereux pour la santé c’est-à-dire qu’en dehors des problèmes de peau que vous pouvez avoir tels que le cancer de peau, les vergetures, les acnés, il y’a vraiment des conséquences d’ordre général. La santé générale de la personne est atteinte juste parce qu’elle applique des produits éclaircissant sur sa peau et même ça peut agir sur ses enfants c’est-à-dire qu’une femme qui se dépigmente la peau risque d’avoir un enfant qui naît mais en surpoids, maigre à la naissance, la femme n’arrive pas à cicatriser normalement, elle peut avoir un diabète, une hypertension artérielle.
C’est vraiment dangereux en dehors même ce que les gens pensent et j’ai l’impression qu’ils ont tendance à banaliser les dépistages parce que lorsque j’ai fait mon enquête dans le cadre de mon étude , j’ai vu que la population abidjanaise connait les dangers liés à cette pratique et les conséquences mais on a l’impression qu’ils banalisent donc il faudrait vraiment qu’on leur fasse réaliser que c’est réel et dangereux de s’adonner à cette pratique donc c’est de sensibiliser à un changement de comportement, quand j’aurais peut-être une voix qui porte beaucoup plus, on va élaborer d’autres stratégies afin d’emmener ces personnes à changer de comportement mais toujours est-il que ça part de la sensibilisation.

Étincelante : quelles sont vos perspectives d’avenir ?
Professionnellement je veux me spécialiser parce que là je suis Pharmacienne généraliste. Je veux vraiment me spécialiser dans le domaine que je veux faire donc à court terme. À moyen terme, après ma spécialisation, je vais essayer de travailler en entreprise pour acquérir de l’expérience et puis à long terme c’est vraiment de m’installer à mon propre compte, de créer une officine de pharmacie avec un laboratoire Pourquoi pas ; une marque de produit cosmétique et de maquillage. Ce sont vraiment mes projets professionnels à long terme si Dieu me donne la santé.
Sur le plan familial comme toute femme, c’est de me marier, fonder une famille, avoir des enfants qui seront des hommes et des femmes de valeur, des enfants qui seront des personnes contraintes de rien et qui pourront pourquoi pas influencer leur génération, qui seront chrétiens et auront la crainte de Dieu parce que moi je pense que tout part de là .On aura beau vouloir bien éduquer nos enfants mais s’ils n’ont pas vraiment la crainte de Dieu ils peuvent tout le temps dérailler et nous en tant que parents on peut ne pas être à la hauteur mais si on les éduque selon la religion, selon la Bible c’est beaucoup facile.
Étincelante : Quelle image souhaiteriez-vous qu’on garde de vous en plus d’être la plus jeune pharmacienne de Côte d’Ivoire?
N’GORAN AMAH FERNANDE OLIVIA : En plus d’être la plus jeune pharmacienne de côte d’ivoire je veux que les gens retiennent que je suis une jeune fille comme tout autre, qui est sensible, très ouverte d’esprit, qui est dynamique, qui a le goût du travail mais du travail bien fait surtout et qui aspire être une très bonne personne c’est-à-dire que je veux être une femme de valeur et je travaille vraiment dans ce sens.
Je ne veux pas forcément faire de grandes choses qui seront marquées partout. La preuve est que cette histoire de plus jeune pharmacienne en Côte d’Ivoire ce n’est pas moi qui l’ai publié, c’est un ami qui l’a publié sur les réseaux sociaux. Je veux vraiment que mon entourage soit content de moi parce que j’aimerais être quelqu’un de bien.
Étincelante : décrivez-vous en quelques mots…
N’GORAN AMAH FERNANDE OLIVIA : Sereine, optimiste, déterminée.
ETINCELANTE : Pour finir, nous sommes en mars, un mois qui rappel la lutte des femmes au quotidien, quel est votre souhait à l’égard du changement de la condition des femmes en Côte d’Ivoire
N’GORAN AMAH FERNANDE OLIVIA : Je pense que le changement des conditions des femmes doit commencer par les femmes elles-mêmes. Faut qu’on sorte des stéréotypes sexistes de la société et qu’on se mette sérieusement à la tâche pour défendre notre cause (parce que personne ne le fera à notre place). Faut qu’on se dise qu’il n’y a pas de différence entre l’homme et la femme en dehors des organes de reproduction. Faut que de plus en plus les femmes se disent qu’elles peuvent aussi occuper des postes de responsabilité car c’est par là que le changement commence.